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mardi 22 mars 2011

Nouveauté : Lettres 1961-1978, Emil Cioran et Armel Guerne


Sans jamais se départir d’une liberté de ton à la fois incisive et drôle, cet échange épistolaire mêle anecdotes et réflexions métaphysiques, évocations d’accidents quotidiens et jugements sur l’histoire contemporaine, récits de potins littéraires et réflexions diverses sur la difficulté d’écrire, souvenirs et états d’âme, confessions et accès de rage.

D’abord témoignage d’une profonde amitié, il est pour le lecteur l’occasion de (re)découvrir un Cioran d’une extrême bienveillance, s’inquiétant, par exemple, de l’état de santé de son ami et lui prodiguant des conseils si précis, si éclairés qu’on les dirait inspirés du Vidal ou extraits de quelque ordonnance médicale !

Qu’on se rassure pourtant : le Cioran attentionné, plein d’affection qu’on sent au fil des lettres sait, ici encore, régaler son destinataire de formules sarcastiques, de pointes assassines qui sont autant de coups de gueule poussés contre l’homme et l’univers.

Guerne n’étant pas en reste sur le sujet et jouissant d’une plume tout aussi tranchante, le lecteur savoure l’énergie qui se dégage de ce dialogue à la fois vif, chaleureux et imprégné de culture.


Armel Guerne, poète et traducteur suisse de langue française, a été un temps professeur en Syrie, pour enseigner ensuite à la Sorbonne et fonder avec Roger Frétigny le Groupe d’études psychologiques. Son premier livre Oraux est publié en 1934. Il traduit de nombreux auteurs, notamment Novalis, Rilke, Hölderlin, les frères Grimm, Melville, Virginia Woolf, etc., tout en poursuivant son oeuvre personnelle. On lui doit notamment : Les Jours de l’Apocalypse (1967), Au bout du temps (1981), Le Poids vivant de la parole (1983), etc.

Emil Cioran, né en 1911 à Rasinari (Roumanie), publie à 22 ans son premier ouvrage, Sur les cimes du désespoir. Son quatrième livre, Des larmes et des saints, fait scandale dans son pays. Il s’installe définitivement à Paris en 1941. En 1947, il décide de ne plus écrire désormais qu’en français. Ironique, apocalyptique et le plus souvent constituée d’aphorismes, son oeuvre porte notamment la trace de Schopenhauer, Nietzsche et Spengler. En 1987, paraît son ultime recueil de pensées, Aveux et anathèmes. Sans jamais être retourné dans son pays natal, il meurt, en 1995, à Paris.

Lettres 1961-1978
Emil Cioran, Armel Guerne
19 €
Essais
Ouvrage révisé et annoté par Vincent Piednoir


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