Girard-Sartre : une relation méconnue
Chaque fois que René Girard critique l’œuvre sartrienne, ce n’est
jamais sans lui avoir rendu préalablement hommage ; hommage d’autant
plus troublant qu’il touche au cœur de la théorie du désir mimétique, à
la structure du triangle et de la spirale : « Les analyses du rôle de
l’autre dans ce que Sartre appelle « le projet » - le garçon de café
dans L’Être et le néant – les analyses de la mauvaise foi, de
la coquetterie, sont merveilleuses à mes yeux. » Les relations entre
René Girard et Sartre sont donc ambivalentes et méritent une analyse
plus poussée.
Opérer entre les deux pensées de nombreux rapprochements conceptuels permettrait de porter un regard nouveau sur ces œuvres. Ainsi par exemple les proximités entre la mauvaise foi sartrienne et la méconnaissance girardienne nous plongent toutes deux dans une anthropologie du mensonge à soi-même et donc du Je en tant qu’il est toujours déjà un « jeu ». Nous pourrions aussi rapprocher la spirale mimétique (à laquelle René Girard soumet tous ses concepts) à la logique des tourniquets sartriens, dans laquelle les positions conceptuelles s’échangent sans cesse…
Malgré de nombreuses divergences, il y a donc aussi de nombreux points de contact entre ces deux penseurs, comme si la relation de René Girard à Sartre incarnait à elle seule une relation mimétique de proximité et de distance.
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