Le Magazine littéraire consacre tente pages de son numéro de Mai au centenaire d'Emil Cioran.
" Tandis que les marchands de bonheur envahissent les librairies, l’œuvre de Cioran, né il y a un siècle, désarçonne et fait figure d’exception : elle nous apprend que le désespoir, l’angoisse et le désarroi valent mieux que l’insatiable et ennuyeuse quête du bonheur. Le XXe siècle l’a montré : de la naïveté au totalitarisme, du fanatisme à l’angélisme, les enthousiasmes de tous bords font courir aux humains les plus grands risques, sitôt qu’ils se piquent d’avoir des solutions et d’imposer des normes. Afin de nous en prémunir, Cioran a passé sa vie à fouiller, avec la minutie d’un géomètre, les zones d’ombre et les crevasses : c’est là que se tiennent, plus modestes, plus humaines, mais non sans envolées, ce qu’on appelle les « idées noires ». Marqué par les horreurs et les errances de son siècle, qu’il a brièvement embrassées dans un élan qu’il qualifiait de « péché de jeunesse », Cioran est ainsi devenu une sorte d’éclaireur à l’envers : inversant le chemin inventé par Platon, il incarne la figure d’un penseur sciemment redescendu dans la caverne, dont la voix, souvent cinglante, parfois hilare, monte des profondeurs…"
" Tandis que les marchands de bonheur envahissent les librairies, l’œuvre de Cioran, né il y a un siècle, désarçonne et fait figure d’exception : elle nous apprend que le désespoir, l’angoisse et le désarroi valent mieux que l’insatiable et ennuyeuse quête du bonheur. Le XXe siècle l’a montré : de la naïveté au totalitarisme, du fanatisme à l’angélisme, les enthousiasmes de tous bords font courir aux humains les plus grands risques, sitôt qu’ils se piquent d’avoir des solutions et d’imposer des normes. Afin de nous en prémunir, Cioran a passé sa vie à fouiller, avec la minutie d’un géomètre, les zones d’ombre et les crevasses : c’est là que se tiennent, plus modestes, plus humaines, mais non sans envolées, ce qu’on appelle les « idées noires ». Marqué par les horreurs et les errances de son siècle, qu’il a brièvement embrassées dans un élan qu’il qualifiait de « péché de jeunesse », Cioran est ainsi devenu une sorte d’éclaireur à l’envers : inversant le chemin inventé par Platon, il incarne la figure d’un penseur sciemment redescendu dans la caverne, dont la voix, souvent cinglante, parfois hilare, monte des profondeurs…"
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